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FOCUS SUR LA PRODUCTION DU CAFÉ ET DU CACAO POUR LA PERIODE 2018 - 2023

L’économie de la Côte d’Ivoire est essentiellement basée sur l’agriculture qui occupe la majeure partie de la population active, environ 66%. Avec une superficie agricole utile de 13 millions d'hectares et une contribution de 18 % au PIB, l'agriculture ivoirienne est articulée principalement autour de deux activités : l’agriculture d’exportation ou de rente et l’agriculture vivrière. Ce focus ne retiendra que deux (02) spéculations des cultures de rente à savoir/ le café et le cacao.

A. LE CAFE

La caféiculture ivoirienne s'est rapidement développée depuis son introduction dans le pays dès le 20e siècle. Elle n’a qu’une récolte par an et des saisons qui ne durent que deux (02) à trois (03) mois.

Deuxième produit d'exportation, après le cacao durant des décennies, le café a hissé la Côte d’Ivoire au quatrième rang des producteurs africains de café, après l'Éthiopie, l'Ouganda et la Tanzanie et au troisième rang des exportateurs mondiaux de café, après le Brésil et la Colombie et se retrouve au quinzième rang des producteurs mondiaux entre 20220et 2023.

a.1 L’organisation de la filière café

La caféiculture est une filière bien organisée. Elle comprend :


Les producteurs : de petits planteurs (408 000 environ) produisent et préparent le café dans les champs et/ou dans leur domicile.

Les négociants

Les sociétés coopératives

Les usiniers

Les acheteurs

Les acconiers

Les transporteurs

Les affréteurs

Les exportateurs

Les armateurs

Les banquiers

Les consignataires

Les assureurs

Les transitaires

Les tiers détenteurs

Les chargeurs

Le Conseil du Café-Cacao est mandaté par l’Etat et chargé de la régulation, de la stabilisation et du développement de la filière Café-Cacao en Côte d’Ivoire.


a.2. Les productions et chiffres d’affaires de café de 2018 à 2022

En baisse depuis 2018 du fait du prix d’achat peu attractif, du réchauffement climatique et de l’émergence de nouvelles spéculations telles que l’anacarde, la production ivoirienne de café tend à se redresser en 2022 avec une production de 94 900 tonnes, soit une hausse d’environ 50% comparativement à 2021 où la production était de 62 190 tonnes.

a.3. Les zones de production et variétés de café

a.3.1. Les zones de production

Le café est produit sur l’ensemble de la zone forestière, c’est-à-dire les zones Est, Sud-Est, Sud, Sud-Ouest, Centre-Ouest et Ouest. Cette production est concentrée le long de l'axe routier Abidjan-Gagnoa-Daloa-Man. Les plantations sont généralement des exploitations familiales de petites tailles où sont pratiquées des méthodes de production traditionnelle. La superficie totale cultivée avoisine les 1 300 000 hectares (source : Sikafinance).

a.3.2. Les variétés de café

Les principales variétés cultivées sont le robusta, qui représente environ 90 % de la production, et l'arabica, seulement 10 %. Le café ivoirien est réputé pour son arôme intense, son goût amer et corsé avec les 80% de la production destinés à l’exportation.

a.4. Pays Clients importateurs du café de la Côte d’Ivoire en 2021


Pays Clients de la Côte d’Ivoire

% de Quantité vendue

ALGERIE

50%

INDE

10%

PORTUGAL

3%

ESPAGNE

7%

ITALIE

5%

MAROC

1%

TUNISIE

1%

Autres clients

27%

















Source : Direction des opérations café d’OLAM

a.5. Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces

A.5.1. Forces :

  •           qualité de l’arôme et du goût ;
  •           conditions climatiques favorables ;
  •           bonne organisation de la filière
  •           mise en œuvre de la nouvelle réforme visant à garantir un prix rémunérateur aux producteurs ;
  •           existence de marché national de plus en plus croissant par la promotion de la consommation locale ;
  •           inclusion financière: création de solutions financières innovantes pour atteindre les populations à faibles revenus.


a.5.2. Faiblesses :
    
  • techniques culturales obsolètes ;
  • vieillissement des vergers ;
  • maladies des plantes ;
  • faible rendement ;
  • compétition avec les autres cultures pérennes plus attractives ;
  • coût élevé de la main d’œuvre surtout lors de la récolte
  • non maitrise du mécanisme de fixation des prix (bourse du cacao à Londres)
a.5.3. Opportunités :
    
  •     marché régional et international en nette croissance avec une population en expansion ;
a.5.4. Menaces :

  •           émergence de nouveaux pays producteurs de café (le Burkina Faso) ;
  •           départ massif de la main d’œuvre des plantations ivoiriennes de café ;
  •           instabilité des prix sur le marché international ;
  •           dérèglement climatique
  •           non-respect du nouveau prix d’achat aux planteurs


a.6. Mesures prises par le Gouvernement
Face à ces obstacles, plusieurs initiatives ont été prises aussi bien par le Secteur Privé que par l’Etat. On retient entre autres, le Plan Nescafé, une contribution de Nestlé Côte d’Ivoire, filiale du groupe agro-industriel Suisse Nestlé qui accompagne les paysans afin de repositionner la filière. Ce plan est mis en œuvre avec la collaboration des organisations locales en Côte d’Ivoire, notamment le Centre National de Recherche Agronomique (CNRA) et le Conseil Café-Cacao (CCC, régulateur). Il vise à :
  • assurer et promouvoir des pratiques responsables qui prennent en compte la protection de l’environnement et le bien-être des producteurs
  • améliorer le niveau de vie des producteurs de café, et assurer un approvisionnement durable en café vert de qualité ;
  • renforcer la chaîne d’approvisionnement et améliorer les moyens de subsistance des communautés;
  • organiser des sessions de formation pour les formateurs de terrain afin d’accompagner les producteurs
  • rajeunir les vergers et leur assurer une meilleure production par la distribution  de 9 518 612 plants aux producteurs.



Par ailleurs, le Plan Nescafé amène les producteurs à cultiver d’autres éléments tels que le haricot, le maïs, le gombo, afin de protéger le plant de café. Ces cultures fonctionnent comme des plants de couverture en protégeant le sol où est cultivé le café et permettent aux paysans d’avoir des revenus additionnels sur une même parcelle.

Au titre des actions gouvernementales, l’Etat ivoirien a mis en place un plan de développement de la filière café, visant à augmenter la production et à améliorer la qualité du café ivoirien. Ce plan prévoit notamment la modernisation des plantations, la formation des producteurs et la promotion du café ivoirien sur les marchés internationaux.

Par ailleurs, l’Etat a adopté le mercredi 11 juillet 2024 en Conseil des Ministres, un décret octroyant une subvention aux acteurs nationaux présents dans l’exportation de café et du cacao. Ladite mesure couvrira les campagnes 2023/2024, 2024/2025, 2025/2026 et 2026/2027.

Cette nouvelle disposition vise à promouvoir l’émergence de champions nationaux dans les différents secteurs de l’économie du café et du cacao, et à assurer durablement leur compétitivité sur le marché national et international (source: Agence Ecofin).

En outre, l’Etat a procédé le 30 septembre 2024 à l’augmentation du prix d’achat du café aux producteurs qui passe de 900 à 1500 FCFA le kilogramme. Il a également décidé de la prise en charge des frais d’assurance maladie (la Couverture Maladie Universelle) des planteurs de café, du cacao et leurs ayants droits par le Conseil Café-Cacao pour un montant d’un milliard de FCFA par mois.

B. LE CACAO



De son nom scientifique « Theobroma cacao », le cacao a été introduit en Côte d’Ivoire par les commerçants portugais et français à la fin du 19ème siècle. La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial avec 40% de la production ; ce qui représente 145 milliards de dollars par an. La filière représente 21% du PIB. La production cacaoyère avec une surface cultivée de 3 millions ha occupe près de 600 000 planteurs et fait vivre 6 millions de personnes, soit 25% de la population ivoirienne. La culture du cacao est restée majoritairement traditionnelle avec des exploitations familiales de 3 hectares en moyenne. Source importante de revenus pour le pays, le cacao est le premier produit d’exportation. Il se trouve ainsi au centre d’une agriculture exportatrice qui constitue la clé de voûte de l’économie nationale depuis l’indépendance.

b.1 L’organisation de la filière cacao

A l’instar de la caféiculture, la cacaoculture est une filière également bien organisée. Elle comprend les mêmes entités comme indiqué dans le tableau des acteurs de la caféiculture. Le Conseil Café-Cacao est mandaté par l’Etat et chargé de la régulation, de la stabilisation et du développement de la filière Café-Cacao en Côte d’Ivoire.

b.2. Les productions et chiffres d’affaires du cacao de 2018 à 2022



b.3. Les zones de production et variétés de cacao

b.3.1. Les zones de production
La région du Centre-ouest a été la principale zone de production de cette spéculation avec une production de 864 000 tonnes, soit 36 % de la production nationale. Les autres régions importantes de production de cacao sont le Centre (440 000 tonnes), le Sud-ouest (300 000 tonnes) et le Nord (256 000 tonnes). En Côte d’Ivoire, Soubré, située dans le sud-ouest est la ville où est produit le plus de cacao. (Sika finance)
b.3.2. Les variétés de cacao
Bien qu’il existe plus d’une dizaine de variétés de cacao : (Amelonado, Cacao guiana, Contamana, Criollo, Curaray, Iquitos, Marañon, Nacional, Nanay et Purús…), on peut en distinguer trois grands types qui se différencient par leur goût, leur arôme et leur aspect. Il s’agit du : cacao Criollo, cacao Forastero et cacao Trinitario (source: eu.venchi.com).

b.4. Les entreprises exportatrices du cacao ivoirien

Selon Sika finance, ces entreprises sont consignées dans le tableau ci-après :


RAISON SOCIALE

CHIFFRE D'AFFAIRES

PAYS

CARGILL WEST AFRICA

432 478 Milliards FCFA

ETATS-UNIS

SOCIETE AFRICAINE DE CACAO

331 694 Milliards FCFA

SUISSE

OLAM COCOA PROCESSING CI

171 704 Milliards FCFA

SINGAPOUR

CARGILL COCOA SARL

169 699 Milliards FCFA

ETATS-UNIS

GROUPEMENT DES EXPORTATEURS ET PROFESSIONNELS DE PRODUITS AGRICOLES

134 140 Milliards FCFA

CÔTE D'IVOIRE

SOCIETE AWAHUS SERVICES (SAS)

112 276 Milliards FCFA

CÔTE D'IVOIRE

CEMOI-CI

99 364 Milliards FCFA

FRANCE

BARRY CALLEBAUT NEGOCE

96 965 Milliards FCFA

SUISSE

KINEDEN COMMODITIES SA

76 998 Milliards FCFA

CÔTE D'IVOIRE

TAN IVOIRE

75 205 Milliards FCFA

CÔTE D'IVOIRE







En 2022, la Côte d’Ivoire a enregistré les excédents commerciaux les plus élevés avec les pays suivants :


Pays clients

Valeur (million FCFA)

Solde(FCFA)

Quantité (tonne)

Suisse

822 755

794 760

5 354

Burkina Faso

529 495

522 654

768 976

Ghana

425 817

317 318

440 906









b.5. Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces de la cacaoculture

b.5.1. Forces :
  • forte contribution à la croissance de l’économie ivoirienne;
  • bonne organisation de la filière;
  • Forte implication de l’Etat dans le développement de la filière.

                    
b.5.2. Faiblesses :
  • déforestation;
  • maladies et ravageurs des plants de cacao;
  • dérèglement climatique;
  • utilisation d’engrais chimiques;
  • travail des enfants.



                    
b.5.3. Opportunités :
  • marché international en croissance;
  • entente commerciale entre la Côte d’Ivoire et le Ghana pour la fixation des prix  aux producteurs;
  • investissements étrangers;
  • existence de marché national en croissance;
  • existence d’un marché sous régional en expansion;
  • inclusion financière: création de solutions financières innovantes pour atteindre les populations à faible revenu.


                    
b.5.4. Menaces
  • non-respect de nouveaux prix d’achat aux producteurs par des acheteurs véreux ;
  • émergence de nouveaux pays producteurs de cacao  (le Burkina Faso);
  • départ massif de la main d’œuvre des plantations ivoiriennes de cacao;
  • dérèglement climatique

b.6. Quelques solutions prises par le Gouvernement

Pour rentabiliser la filière, le Gouvernement ivoirien a mis en place une politique nationale qui repose sur une stratégie de cacao durable. Au nombre des initiatives, le gouvernement a adopté le 13 septembre 2023, un décret instituant un système national de traçabilité du café du cacao.

Par ailleurs, le Gouvernement a entrepris de nombreuses actions pour faire de son cacao, un produit durable, un cacao avec zéro déforestation et zéro travail des enfants.

La phase pilote de traçabilité du cacao qui a été lancée, vise à suivre l’origine des fèves, assurer un paiement juste aux producteurs, lutter contre la déforestation et le travail des enfants, réduire l’insécurité dans la filière.

La production et distribution de la carte du producteur qui intervient après l’opération de recensement des producteurs et de leurs vergers dans toutes les zones de production de café-cacao, est la première étape de l’implémentation du système de traçabilité unifiée du café et du cacao de Côte d’Ivoire.

Cette carte permet, d’identifier le produit et de retracer son parcours du bord-champ, jusqu’à sa destination finale et de mieux organiser la filière en extirpant les acheteurs véreux qui grugent les producteurs. Environ 1 000 000 de producteurs ont été recensés, 807 000 cartes ont été distribuées sur 950 000 produites.

La durabilité de la filière encourage des pratiques plus respectueuses de l’environnement comme l’agroécologie ou l’agroforesterie. C’est dans cette dynamique que la Côte d’Ivoire et le Ghana ont adopté la norme ARS 1000. Et sur cette base, le gouvernement ivoirien a adopté un décret réglementant la mise en œuvre de la norme africaine ARS 1000-cacao durable.

Pour restaurer et préserver la forêt, le Conseil Café-Cacao a lancé en 2021 un programme qui a permis de distribuer plus de 8,5 millions de plants aux producteurs. Par ailleurs, le Gouvernement a procédé, le 30 septembre 2024, à l’augmentation du prix d’achat du cacao aux producteurs, qui passe de 1500 à 1800 FCFA le kilogramme. Il a décidé que le Conseil Café Cacao prenne en charge les frais d’assurance maladie (la Couverture Maladie Universelle) des planteurs et leurs ayants droits pour un montant d’un milliard de FCFA par mois.

Toutes ces initiatives concourent à réussir l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation de l’Union Européenne sur le cacao durable qui vise à arrêter l’importation de produits issus de la déforestation. Elles se conjuguent pour apporter des solutions viables en vue de garantir la compétitivité sur les marchés internationaux, satisfaire aux exigences des consommateurs tout en assurant le bien-être des producteurs et la durabilité du secteur.